Emma Uren : « Soit on s’évanouit, soit on vomit »
Dans quelques heures, Emma Uren et la Grande-Bretagne débuteront leur saison de HSBC SVNS au Sevens Stadium de Dubaï, contre les États-Unis. Après avoir vu ses coéquipières « se battre plus dur que jamais pour repousser leurs limites », l’ailière est gonflée à bloc.
« Sur le terrain, c’est en présaison qu’on voit les athlètes se transcender », confie-t-elle.
« C’est génial d’aborder une compétition en sachant qu’on a fait le travail, qu’on est prête, mais aussi de savoir qu’on l’a fait avec des filles qui seront là pour se battre avec nous. »
« Laisser le corps faire ce qu’il veut faire »
Toute bonne saison débute par une bonne présaison. Ce message, Uren l’applique et le prêche en tant que préparatrice physique indépendante.
Et l’adage n’a jamais été aussi avéré qu’avant cette saison de SVNS. Après « avoir vidé les réserves sur le plan physique et mental comme jamais », Uren et la plupart des joueuses présentes aux JO de Paris 2024 ont eu besoin de « couper » pendant tout le mois d’oût.
« La base, c’est de laisser le corps faire ce qu’il veut », explique Uren, qui a passé du temps en famille en Suède avant de se rendre à un festival de musique avec ses amis.
« C’est cool de faire des trucs normaux que l’on ne pourrait pas faire en cours de saison. »
Poser les bases physiques
Certes, elle l’avoue, elle a bu « un peu d’alcool » en Suède. Mais elle n’oublie jamais qu’il faut que le corps reste sain dans son ensemble. Elle sait donc ce qui l’attend au moment d’aborder la saison.
La situation de l’équipe de Grande-Bretagne féminine de rugby à 7 est légèrement différente de celle des autres sélections, notamment les sélections masculines. Cette année, faute de moyens et à cause des différences particulières liées à l’après-Paris 2024, Uren et ses coéquipières ont fait une grande partie de leur préparation avec une équipe de rugby à XV. Mais la présaison, ça reste la présaison.
« C’est le moment de poser les bases sur le plan physique en général et aérobique en particulier. »
« Le format dépend du préparateur ou de la préparatrice. J’en ai connu qui nous faisaient faire des courses à pleine intensité non-stop pendant 40 minutes, d’autres qui faisaient des séances de 40 minutes uniquement basées sur le renforcement. Cette saison, à cause de ma blessure à la cheville, j’ai fait pas mal d’explosivité, des trucs courts et intenses proches des efforts de match sans trop solliciter ma cheville. »
La « zone de la mort »
Peu importe la demande de base, on retrouve toujours le même test effrayant à la fin : les 1 200 m chronométrés en aller-retours de 100 m.
« Peu importe ton classement ou ton temps, c’est horrible », rigole Uren, dont le sourire ne peut dissimuler la douleur. « Même quand tu es forte sur cet exercice, tu as la pression car tu dois toujours rester au niveau. »
Cette comparaison constante fait partie de la préparation à 7. Peu importe ton point de départ – Uren est la meilleure avec ses 4 minutes et 29 secondes – tu dois toujours t’améliorer.
Mais il y a plus. À 7, il faut être en mesure de tout donner même quand on est rincé. C’est pour cela que le test de 1 200 m débute quand les joueuses sont déjà dans le dur.
« On vise la zone de la mort, celle où il faut vraiment s’arracher pour entrer dans un état qui fait que le cerveau ne tourne plus rond. C’est là qu’on fait le 1 200 m », raconte la joueuse de 27 ans.
« On fait quelques séances comme ça, où on sait qu’on va certainement claquer en plein milieu. On sait qu’on va repousser nos limites physiques et on sait que ça va faire mal. »
« Mais ces séances sont excellentes. On en tire beaucoup de choses. »
« Il faut être un peu dingue pour jouer à 7 »
C’est en cela que les joueurs et joueuses de 7 sont différents. Ils donnent tout pour atteindre un niveau de fatigue inimaginable pour ensuite tout donner pour y performer.
« Mais on finit par adorer ça ! Il faut être un peu dingue pour jouer à 7. »
Le but de la présaison, ce n’est pas d’être plus à l’aise. Comme le dit Uren, « c’est toujours compliqué de sprinter pendant 30 secondes, peu importe ton niveau physique. » Non, le but, c’est d’apprendre « à toujours repousser ses limites puis travailler à un niveau plus élevé. »
Prête à briller
Aujourd’hui, après « ne s’être jamais bien sentie » durant la préparation, Uren est en forme. Elle pète le feu. Les séances sont moins intenses et les matchs de préparation sont plus axés sur la technique et la tactique.
Le fait d’avoir vite pu s’acclimater à Dubaï aide. Les joueuses britanniques ne sont que trop heureuses d’avoir fui le vent, la pluie et la neige même si l’une des premières séances réalisées sous le soleil de Dubaï a donné, à Uren et ses coéquipières, un avant-goût de ce qui les attend.
« Après une séance, on voyait double. Certaines ont failli s’évanouir. On fait tellement souffrir le corps que soit on s’évanouit, soit on vomit. »