Une nouvelle génération veut prendre la main

L’étape de Dubaï, qui lance la saison de HSBC SVNS, marque le plus grand changement connu par la compétition depuis son lancement en 2012.

Quand le rugby à 7 est devenu olympique, il s’est forcément axé sur des cycles de quatre ans. Les joueurs, les entraîneurs et la discipline en général se régénèrent après chaque grande compétition, qui lance une nouvelle phase quadriennale.

Le lancement de la saison 2025 du HSBC SVNS à Dubaï, cette semaine, marque l’un des changements les plus importants qu’a connu le rugby à 7 depuis le lancement de cette compétition, en 2012.

Portia Woodman-Wickliffe, Tyla King, Naya Tapper, Chloe Pelle et Sharni Smale, des joueuses que nous avons vu devenir des légendes de leur discipline, sont parties.

Lauren Doyle, Dom du Toit et Lucy Mulhall sont, elles aussi, parties vers de nouveaux horizons, et même David Courteix, coach de l’équipe de France féminine depuis 15 ans, a laissé sa place.

Certaines stars sont toujours là, comme Sarah Hirini, Charlotte Caslick ou encore Racquel Kochhann et sa légendaire crête.

Tim Walsh et Cory Sweeney continueront de dévorer leur ligne et certaines joueuses qui se sont installées ces dernières années vont désormais se retrouver sur le devant de la scène. C’est un peu comme si elles passaient à l’échelon supérieur.

Mais ce ne sont pas les seules choses qui vont changer cette année. Voici quelques explications.

Chaque équipe va lancer de nouvelles joueuses à Dubaï et au Cap. Ce sang neuf va permettre une régénération des effectifs.

Les équipes et les joueuses qui s’adapteront le plus vite seront celles qui lanceront le mieux leur saison et pourront ainsi prétendre à la victoire finale.

Les quatre demi-finalistes olympiques nous permettent de nous rendre compte des différences à attendre au sein des équipes.

La Nouvelle-Zélande débarque à Dubaï sans Stacey Waaka et Michaela Blyde. L’Australie risque de devoir se passer de certaines stars, comme Maddie Ashby ou Alysia Lefau-Fakaosilea, car elles sont encore blessées.

Seules quatre des médaillées d’argent canadiennes disputeront les deux premières étapes de la saison, tandis que les États-Unis devront se passer de Sammy Sullivan et Spiff Sedrick, qui sont en phase de récupération après leur opération.

Ilona Maher, quant à elle, fait une pause à 7 car elle a pour ambition de jouer la Coupe du Monde de Rugby à XV en Angleterre, en 2025. Notons toutefois qu’elle a bien pris une médaille d’argent cette semaine, mais celle de la finale de l’émission Dancing With the Stars.

Du neuf dans les staffs

C’est toutefois du côté des coachs que les plus grands changements ont eu lieu. Cinq nouveaux coachs feront leurs débuts, dont quatre femmes.

Au début du dernier cycle olympique, fin 2021, l’Américaine Emilie Bydwell était la seule femme à entraîner l’une des sélections féminines. Elle a été rejointe par l’Espagnole Maria Ribera la saison dernière.

Si le sport féminin a beaucoup progressé ces cinq dernières années, le manque d’opportunités offertes aux femmes pour entraîner au plus haut niveau reste un problème. Le fait de compter six sélectionneuses pour 12 sélections féminines à l’aube de cette nouvelle saison est donc une belle évolution.

La Canadienne Jocelyn Barrieau et la Japonaise Yuka Kanematsu passent d’entraîneuses adjointes à entraîneuses principales. La Néo-Zélandaise Crystal Kaua a pris les commandes du Brésil, tandis que l’expérimentée Giselle Mather est désormais en charge de la Grande-Bretagne.

Il y a également du changement chez les sélectionneurs. Romain Huet a remplacé Courteix du côté de la France, tandis que Timoci Volavola, ancien adjoint, est désormais sélectionneur intérimaire des Fidji. Lu Zhaun revient avec la Chine, qui fait son retour en HSBC SVNS.

La gestion des effectifs de la part des staffs – qu’ils soient nouveaux ou qu’ils restent en place – sera un facteur clé de la réussite de chaque sélection.

La Coupe du Monde de Rugby – à XV – 2025 en Angleterre arrive à grands pas. Des joueuses de quasiment toutes les sélections ont exprimé leur envie d’y participer. Seule la Chine ne sera pas impactée, car les joueuses peuvent circuler librement d’une sélection à l’autre au fil de l’année.

Le Canada avait ouvert la voie dans cette quête de « sélection unique » l’an dernier, permettant aux joueuses d’aller et venir du VII au XV à leur guise. La Nouvelle-Zélande et la France disposent d’un réservoir de talent et d’expérience assez fourni pour gérer ce problème. L’Irlande, quant à elle, a réussi à intégrer des joueuses de 7 au sein de son équipe à XV dernièrement.

Il s’agira d’un nouveau défi pour l’Australie et, dans une certaine mesure, les États-Unis, tant leurs fédérations semblent très concentrées sur la Coupe du Monde de Rugby 2025.

Des certitudes ancrées

Comme souvent, plus les choses changent, moins les lignes bougent.

La Nouvelle-Zélande et l’Australie débuteront encore une fois la saison du HSBC SVNS avec le statut de favorites, malgré les retraites et les blessures. Le Canada, les États-Unis et la France seront en chasse, juste derrière, tandis que l’Irlande et la Grande-Bretagne tenteront d’être plus régulières afin de s’installer définitivement parmi les outsiders.

Mais la saison 2025 soulèvera également davantage de questions et d’inconnues que lors des précédents cycles de quatre ans.

Comment le Canada et les États-Unis réussiront à gérer la pression de leur médaille olympique ? Comment l’Australie et la France vont-elles se relever de leur échec à Paris ? L’Irlande réussira-t-elle à rééditer la performance aperçue à Perth la saison dernière ? Lequel des nouveaux staffs aura le plus d’impact ?

C’est ça, la beauté de la nature cyclique du sport mêlée à l’incertitude permanente et l’imprévisibilité qui font le sel du rugby à 7. Les questions reviennent sans arrêt et les nouvelles histoires se tissent continuellement.

L’étape de Dubaï lance sept mois de compétition et devrait déjà livrer son lot de réponses.