Simuler la chaleur : du sauna et des bains chauds pour préparer Dubaï
Le gratin du rugby à 7 international se réunit ce week-end à Dubaï pour lancer une nouvelle saison du HSBC SVNS. Pour se mettre dans le bon tempo, il est important de performer au Moyen-Orient.
Sauf qu’il suffit de conduire une heure en ligne droite au départ de Dubaï pour se rendre compte du défi qui attend les athlètes.
Il n’y a rien d’autre que le désert, des dunes et de la chaleur. Cet horizon de sable n’est qu’occasionnellement rompu par un peu de végétation ou un troupeau de chameaux. Ce n’est qu’au bout d’un long trajet qu’apparait le Sevens Stadium et sa superbe pelouse, tel une oasis.
On le sait : le rugby à 7 est un sport aussi épuisant physiquement que mentalement. Mais il l’est d’autant plus quand il est pratiqué sous une chaleur de plomb en plein milieu du désert.
La déshydratation et l’exposition au soleil sont un véritable défi pour les joueurs. La moindre baisse d’hydratation peut entraîner des conséquences majeures sur la performance.
Avec le pays de Galles et la Grande-Bretagne, c’était d’autant plus dur parce qu’on sortait d’une préparation réalisée dans un froid glacial. En novembre, les terrains étaient souvent gelés le matin et les températures dépassaient rarement les 10°C, alors qu’il faisait souvent 30°C en pleine journée à Dubaï.
La différence de température est difficile à gérer pour les préparateurs physiques. On a tenté plusieurs méthodes pour nous faire à la chaleur.
Déjà, on mettait le chauffage à fond quand on s’entraînait à la salle. On faisait une heure de muscu puis une demi-heure de circuit training quatre fois par semaine. On approchait les 30°C et on transpirait à grosses gouttes en à peine cinq minutes.
Au Vale Hotel, où on s’entraînait avec Wales Sevens, il y a une sorte de grange avec un demi-terrain de rugby à l’intérieur. On faisait pareil quand il faisait trop froid dehors pour s’entraîner sur un grand terrain, mais c’était bien plus compliqué de chauffer ce grand espace intérieur que la salle de sport.
Du coup, on mettait des sous-vêtements techniques complets et des bonnets en laine à l’intérieur pour faire monter la température.
L’année suivante, on a mis quatre bains gonflables dans le vestiaire avec des chauffe-eau intégrés. Après chaque séance, on se mettait dans le bain pour conserver une température et un battement cardiaque élevés. On y restait 15 minutes à six semaines de Dubaï, pour monter progressivement à 40 minutes lors de la dernière semaine de préparation.
Au début, ça faisait du bien de prendre un bain chaud quand on sortait des terrains gelés. Mais c’est vite devenu compliqué. C’était déplaisant et on avait l’impression que ça durait une éternité.
Heureusement, toute l’équipe pouvait rentrer dans les bains en même temps, donc c’est devenu un moment où on tissait des liens. On se racontait des histoires et des blagues pour passer le temps et ça finissait en jeux de type petit bac.
Puis la fédération a investi dans un grand sauna et on y restait après l’entraînement. Le sauna était bien moins inconfortable que le bain, qui te donnait l’impression de cuire au bain-marie pendant 40 minutes. Avec le recul, je trouve que la chaleur du sauna reproduit mieux la chaleur du désert.
Quand l’Écosse et l’Angleterre se sont jointes à nous pour fusionner et créer la sélection de Grande-Bretagne, on se partageait les anecdotes des éditions précédentes de l’étape de Dubaï. Les Écossais nous racontaient qu’ils faisaient du WATT bike dans le sauna et des sprints répétés pendant une demi-heure sous la chaleur.
Mais est-ce que ça fonctionnait ?
En vrai, je ne sais pas. Quand la porte de l’avion s’ouvrait à l’atterrissage à Dubaï, on se prenait toujours une claque de chaleur en pleine face. C’est comme si on t’enveloppait dans une couverture chaude.
Le premier entraînement sous le soleil cassait tout le monde en moitié moins de temps que d’habitude. Tu bois deux fois plus et il faut aussi se supplémenter en électrolytes. Chaque sprint, chaque plaquage et chaque passe est un peu plus difficile.
On faisait tout pour éviter de rester trop longtemps au soleil car ça nous pompait trop d’énergie. Le but des entraînements, au cours de la semaine, c’était surtout de s’acclimater à la chaleur sans la laisser nous fatiguer en vue des matchs du week-end.
Il fallait aussi veiller à ne pas se déshydrater. On se pesait avant et après chaque séance. La différence de poids servait à calculer le volume d’eau à boire pour éviter la déshydratation. Si la perte de poids était importante, ça voulait dire qu’on n’avait pas assez bu avant et pendant la séance.
Chaque équipe joue un match « factice » durant la dernière semaine avant la compétition. En gros, c’est un match sans contact mais à vitesse réelle que l’on joue contre une autre équipe.
C’est là que je voyais que les bains et le sauna avaient fonctionné. Cela ne nous aidait pas forcément sur le plan physiologique, mais plus sur le plan mental. Un match de 14 minutes en plein soleil passait plus vite qu’un bain de 40 minutes dans l’eau bouillante.
En résumé, si vous vous apprêtez à jouer à Dubaï cette année, j’espère que vous vous êtes exposés à la chaleur pendant votre préparation. Ce n’est pas miraculeux, mais c’est clair que ça aide à tenir le coup.