
Marcus Tupuola : Straight Outta Carson

« On vivait dans une maison typiquement polynésienne », confie Marcus Tupuola quand il parle de son enfance à Carson, près de Los Angeles. « Tous mes cousins étaient là, ils étaient comme mes frères et sœurs. J’étais l’ainé de 10 enfants, ça fait du monde ! »
Native des Samoa américaines, la mère de Tupuola est arrivée en Californie alors qu’il n’avait que quelques mois pour emménager dans une petite ville en banlieue de Los Angeles où la culture samoane et l’amour du sport étaient très forts. Chez lui, le quotidien se résumait à la famille et à une activité constante.
L’étape de HSBC SVNS de Los Angeles se joue au Dignity Health Sports Park de Carson. Tupuola se souvient de sa première fois dans ce stade, alors qu’il n’avait que 7 ans.
Il était venu voir jouer les États-Unis avec sa famille et il a immédiatement accroché au point de jouer son premier match un an plus tard : « Je n’ai pas joué de vrai match avant l’âge de 12 ans. Je jouais dans un club, à Carson, les Southbay Spartans. Il m’a suffi d’un match et je n’ai jamais fait marche arrière. »
L’été dernier, la famille Tupuola était réunie pour regarder le rugby à 7, cette fois au Stade de France, à Paris. Marcus, lui, n’était pas en tribune mais sur le terrain pour réaliser son rêve olympique. Tous les sportifs rêvent de disputer les Jeux Olympiques, mais peu d’entre eux y parviennent. Tupuola s’est retrouvé submergé par les émotions.
« Je me souviens quand j’ai reçu l’e-mail m’annonçant ma sélection pour les JO. Je pleurais tellement de joie. Je n’ai pas arrêté de pleurer avant un moment. J’étais avec ma copine et je lui ai dit : ‘Il faut que je reste seul 10 minutes.’ Juste histoire de réaliser. J’ai tellement cravaché pour en arriver là. »
Tupuola a une façon de parler bien à lui, un mélange de langage de la rue assez direct mêlé d’une ouverture presque poétique. Plus j’échange avec lui, moins je suis surpris d’apprendre qu’il fait du rap quand il ne joue pas au rugby. Il a sorti deux albums disponibles sur Spotify.
Son amour du Sevens se retrouve dans son rap, puisqu’il publie sous le nom d’IVER, référence à Waisale Serevi, légende fidjienne de la discipline dont il a inversé le nom. Comme son idole, il n’a qu’une motivation : tout donner, sur le terrain comme en dehors.
Tupuola vise désormais un autre rêve : les JO 2028 à Los Angeles qui se tiendront dans le stade où il a vu son premier match de rugby étant enfant, cette enceinte qui se trouvait juste à côté de chez lui et devant laquelle il passait tout le temps.
L’importance de la famille et de ses racines font partie de son ADN. Représenter son pays sur la scène olympique, à Carson, sous les encouragements de sa famille et de ses amis d’enfance le motive plus que tout, lui qui fait partie des joueurs les plus expérimentés de la sélection.
« Avant, j’étais le cool de l’équipe, maintenant, je fais partie des vieux ! D’une année à l’autre, tout a changé. Je suis le deuxième ou troisième joueur le plus âgé de l’effectif cette année. »
Perry Baker et Kevon Williams ayant pris leur retraite après Paris 2024, l’équipe a forcément vécu une transition brutale. Aux côtés de Steve Tomasin, Lucas Lacamp et Aaron Cummings, Tupuola doit désormais guider la nouvelle génération.
Les États-Unis auront besoin de cette expérience ce week-end. Le nombre de sélections présentes au plus haut niveau passera de 12 à huit l’an prochain, ce qui complique la tâche.
« On aurait aimé qu’ils nous parlent de ce nouveau format avant le début de la saison, mais il faut laisser l’ego de côté », philosophe Tupuola, tout en lucidité. « Notre équipe à 7 ne tient qu’à un fil. Notre métier est en jeu et on est prêt. »
C’est cette attitude – le côté direct, l’absence d’excuses, l’honnêteté intellectuelle et la combativité – qui ont permis à l’enfant de Carson de briller aux JO et sur les pelouses les plus prestigieuses du circuit international.
Ce week-end, lors de l’étape de HSBC SVNS de Los Angeles, la grande famille Tupuola n’aura pas besoin de prendre l’avion ni la voiture pour voir jouer Marcus.
Ils n’auront qu’à venir à pied depuis leur maison jusqu’au Dignity Health Sports Park pour voir leur olympien de fils sur le terrain. Marcus Tupuola sera chez lui dans tous les sens du terme et c’est là, dans trois ans, qu’il compte écrire l’histoire.
Profil de Marcus Tupuola :
Né le : 5 octobre 1995 (29 ans).
Clubs : Southbay Spartans ; Belmont Shore RFC & San Diego Legion (MLR).
Début avec les USA en SVNS : 2019 à Las Vegas (vainqueur).
JO de Paris 2024.
37 x participations en tournoi SVNS ; 37 essais.